Si vous êtes cycliste ou accompagnateur, une des premières
observations que vous ferez lors de votre arrivée en Abitibi concernera les
routes. La course se déroulant sur les routes publiques de l’Abitibi, il est
donc naturel d’en faire une brève évaluation en préparation pour la
compétition. Je vous propose donc un survol de nos routes, étant moi-même
cycliste et ayant parcouru à vélo des dizaines de milliers de kilomètres en
Abitibi.
Tout d’abord, évaluons la distribution spatiale.
Premièrement, comme le Tour de l’Abitibi se limite aux routes pavées, nous
pouvons donc exclure la majorité des chemins forestiers et des rangs de
colonisation (laissons Paris-Roubaix aux français et les chemins gravelés
cahoteux aux vététistes, vous verrez plus loin que ça va brasser au niveau du
guidon et des foufounes quand même). Déjà que la région n’est pas très
densément peuplée, cela laisse une variété de parcours possibles assez limitée.
Deuxièmement, ajoutez la contrainte des parcours « en étoile » avec
retour à la ville hôtesse à presque chaque jour et il ne reste plus beaucoup
d’options disponibles. Ceux qui viennent depuis plusieurs années verront donc
les mêmes routes, quoique nous essayons de varier un peu pour les étapes se
déroulant hors-ville hôtesse, mais ça implique de plus longs déplacements en
véhicule avant et après l’étape. Donc avouez que c’est assez prévisible comme
parcours. Officiellement, nous laissons planer le mystère chaque année pour
dévoiler en grande pompe les parcours lors d’une conférence de presse. Les
journalistes n’y voient que du feu ou collaborent à l’illusion de surprise!
C'est pas mal toutes les routes pavées autour de Val-d'Or... |
Autre constat à faire lors de votre arrivée en
Abitibi : le relief. Ou plutôt le manque de relief. L’Abitibi tire sa
topographie de la géologie qui l’a rendue célèbre pour ses mines, soit des
roches archéennes vieilles d’environ 2.7 milliards d’années. Ceci implique donc
2.7 milliards d’années d’érosion, que ce soit par l’eau, le vent ou les
glaciers. Ça fait beaucoup de rabotage et d’usure! On ne parle pas de plaines
saskatchewanaises, il y a quelques bosses ici et là, mais gageons que les
colombiens et les européens vont chercher les vraies montagnes et c’est
pourquoi ils envoient généralement les plus forts rouleurs et non les
micro-grimpeurs. Notre maillot à pois célèbre donc le meilleur « sprinteur
de côtes » et non le meilleur « grimpeur », ce qui serait une véritable
imposture étant donné nos modestes bosses. Pas besoin de braquets de
montagne non plus. Des plateaux 52x39 et
une cassette 11 vitesses 14-24 « straight block » feront l’affaire,
si une 14-24 existe…
Relief abitibien. |
Le manque de relief permet aussi de construire des routes là
où on le désire, sans avoir à éviter des obstacles autres que les lacs et
rivières. La colonisation de l’Abitibi est récente (voir chapitre 1). Elle était
relativement bien organisée et supervisée en bonne partie par le clergé, outre
quelques irréductibles villages dignes d’Astérix tels que l’ancienne
agglomération de Roc d’Or, aussi connue sous le nom évocateur de Putainville!
Cette organisation a donc donné lieu à des routes qui séparent les rangs et les
lots agricoles octroyés aux colons. Elles peuvent être droites, très droites et
sur de longues distances! Bonne chance aux échappées pour que le peloton les
perde de vue… Le Tour de l’Abitibi compense le manque de relief par les
distances parcourues.
Les arpenteurs ont fait du bon travail. |
Finalement, une dernière caractéristique routière importante
dans une course cycliste est l’état de la surface pavée. C’est ici que ça
devient moins reluisant. Disons qu’il y a eu négligence sur l’entretien ou la
qualité des fondations des routes durant de nombreuses années et que nous en
payons maintenant le prix. Si vous arrivez au Québec par la route de l’Ontario,
du Vermont ou de l’état de New-York, vous comprendrez en traversant la
frontière. Augmentez le volume de la radio pour couvrir le bruit de roulement
et demeurez attentif afin d’éviter les nombreux trous! Les nids de poule et les
fissures sont légion. Un effort est fait à chaque année pour boucher les pires
précipices sur les parcours des différentes étapes, mais il en restera toujours
bien quelques-uns. Un maire a même récemment fait une sortie publique dénonçant
l’état de la route de responsabilité provinciale passant dans sa ville. Il juge
l’état dangereux même pour les motos! Et nous, on envoie des cyclistes sur des
pneus de 23mm de largeur affronter cette route avec une épaisse armure de
lycra! Mais ne vous en faites pas, il n’y a jamais de chutes au Tour de
l’Abitibi… Sélectionnez tout de même votre matériel en conséquence. N’apportez
pas de vélo de cyclo-cross, un vélo régulier avec pneus de 23 ou 25 mm fera
l’affaire, mais des fois j’ai un peu peur quand je vois des coureurs s’aligner
au départ avec des roues à $5,000 la paire, genre Madfiber ou un autre truc
exotique et fragile. Papa doit être riche! Chaque année, nous traversons aussi
au moins une zone de construction routière avec surface variable (asphalte
« râpée », terre battue ou gravier compacté). Ça met du piquant et
comme il n’y a pas d’autre route, on fonce!
Banzaï! |
J’espère que cette section du Guide vous aura éclairé sur
les routes de l’Abitibi qui vous attendent. Vous ne trouverez pas cette
information sur les cartes du Guide Technique officiel. Ride on!
A rider or
staff member coming to the Tur de l’Abitibi will inevitably observe the roads
when he or she gets here. Since a bike race takes place on public roads, it is
therefore a top priority to evaluate the roads before the competition starts. I
suggest we review together a few important points about roads in Abitibi. Being
a cyclist myself, I road tens of thousands of kilometers on these roads and
know a thing or two about them.
First,
let’s take a look at the spatial distribution of the roads. Since the Tour only
uses paved roads, we automatically eliminate all logging roads and gravel range
lines (let’s leave Paris-Roubaix to the French and bumpy gravel roads to
mountain bikers, you’ll figure out later that hands and butts will be shaken
anyways). Add to this the fact that Abitibi has a small population with few
cities, course variety takes a hit. Plus, the concept of a central host-city
with most stages leading back to the same place almost every day makes it ever
more predictable. We try every year to add variety by including one stage
completely outside of the host city, but it automatically implies longer travel
times. So, if you take a look at the map, it is fairly easy to predict the
possible courses. Every year, we try to keep quiet about the scheduled stages
until a press conference where the journalists play their part and look
surprised!
That's pretty much our paved roads inventory. |
Another
interesting feature to observe when arriving in Abitibi is the topography, or
the lack of it. Abitibi was made famous by its mines, which are hosted by 2.7
billion years old Archean rocks. This also implies 2.7 billion years of erosion
by way of water, wind or glaciers. That’s a lot of sanding and flattening! It’s
not Saskatchewan-flat, we have small hills here and there, but Colombians and
Europeans usually fail at finding a decent mountain, and that is why they
usually send their best rouleurs and not their tiny spider-monkey-like
climbers. We do hand a polka-dot jersey, but it is awarded to the best “hill
sprinter” and not the best “climber” because it would be an insult to climbers…
No need for mountain gears either. Standard 52x39 chainrings and an 11-speed
14-24 straight-block cassette will do, if only a 14-24 cassette existed…
Typical topography. |
The lack of
topography allows for roads to be put anywhere without having to go around
obstacles other than lakes or big rivers. Since Abitibi is a young region (see
part 1), development was relatively organized and was supervised by the
catholic church, aside from a few decadent villages such as Roc d’Or, aka “Putainville”,
which translates literally to the lovely name of Whoretown. The organized
development led to roads dividing agricultural and logging lots. Roads are
therefore often very, very straight and can be that way for long, long
distances. Good luck for breakaways to get out of sight of the peloton… The
Tour de l’Abitibi compensates the lack of topography by the distance covered.
Surveyors did a great job! |
One last
important feature about roads used in a bike race is the quality of the
pavement. This is where it becomes a problem. Let’s just say that maintenance
was neglected for a number of years and that the road base may have been of
less-than-superior quality. Cross the border from Ontario, Vermont or New York
into Quebec and you will understand. You will need to turn up the radio volume to
cover the road noise and stay focused to avoid driving into gigantic potholes!
Cracks and potholes are found about everywhere in Abitibi. We try to fix the
worst cracks and fill the deepest holes, but some bad pavement will still be part
of the race. One mayor recently went out to the newspapers about the provincial
road crossing his town. He said it was even unsafe for motorcycles; imagine
Tour de l’Abitibi cyclists on 23mm tires and their thick lycra armor! Don’t
worry, there are no crashes at the Tour… But do select your gear accordingly. A
cyclo-cross bike is definitely not necessary. A regular bike with 23 or 25mm
tires will do fine, but I sometimes fear for a daddy’s wallet when I see a
rider with super lightweight $5,000 exotic wheels like Madfiber or else on the
start line! Oh, and every year we have to cross a section of roadwork with
scraped asphalt, dirt or compacted gravel. Since there is no other road option,
we just plow through it.
Banzai! |
I hope this part of the Guide will help you
prepare for the race. You won’t find this looking at maps in the official
Technical Guide. Ride
on!
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