Bienvenue sur mon blogue du Tour de l'Abitibi. Je suis impliqué depuis 2008 ans dans l'organisation du Tour et je suis opérateur radio-tour durant les courses. J'espère pouvoir vous informer sur le déroulement des étapes, sur les faits intéressants à relater et sur mes impressions de la course et de tout ce qui l'entoure. Étant assis dans la première voiture derrière le peloton, je suis généralement au fait de tout ce qui se passe durant les étapes. J'écrirai donc ici dans les jours précédent le Tour de l'Abitibi et durant toute la semaine que dure le Tour.

Welcome to my blog featuring the Tour de l'Abitibi. I have been involved with the Tour's organisation since 2008 and am the radio-tour operator. I hope to inform readers on the racing during the different stages, on interesting facts during the race and on my general impressions on the Tour an everything that revolves around it. I will therefore start writing on this blog during the few days before the Tour and for the entire week that the Tour lasts for.



lundi 22 juillet 2019

Le pot-pourri du dimanche / Sunday pot-pourri


La fin du Tour de l’Abitibi est l’occasion de revenir sur les faits saillants de la semaine autour de la course. Évidemment, outre le bingo du radio-tour, le Tour de l'Abitibi est aussi le pionnier dans la guerre des fusils à eau dans la caravane! Une autre première mondiale!

The end of the Tour de l’Abitibi is the occasion to relive the highlights of the week not racing related. After race radio bingo, another World premiere pioneered at the Tour de l'Abitibi is water cannon war in the caravan!
Premier jour et les français sont déjà abandonnés par leur DS / First day and the French riders are stranded by their DS

Un vélo sur le toit et l’autre... / One bike on the roof and the other one...


Secret d'état français pour laver les roues de carbone / French top secret carbon wheel cleaner


Remarquez le tableau de bord durant le festival de la vitesse de Malartic. Vitesse moyenne record de 49km/h au final! / Notice the instrument panel during the Malartic speedfest. Record-breaking average speed of 49km/h for the stage!


Même le tracteur à gazon passe aux braquets / Even the lawnmowing tractor goes to gear check

Pourquoi les lunettes de protection du médical? / Why the safety goggles in the medical car?


Prêts pour la guerre / Ready for the fight

Attaque de la France! / France on the attack

Une ride de moto au Témis / A motorbike ride in Temiskaming

Comment ouvrir une bouteille de gnôle sans tire-bouchon / How to open a bottle of hard liquor without a corkscrew
Le drapeau volé, rapporté 39 ans plus tard par Alex Stieda / The stolen flag brought back 39 years later by Alex Stieda

Le dessert du dimanche soir. En bas à gauche. / Sunday night dessert special. Bottom left.


Les 4 maillots, une seule équipe / All 4 jerseys, only one team



jeudi 18 juillet 2019

Le courrier des lecteurs 2 / Letters to the editor 2

Toujours en réponse à l'importante affluence de questions, en voici une qui mérite une réponse plus étoffée:

Doriane, de Rapide-Danseur, demande "comment se fait-il que le cycliste qui est premier quand le paquet (NDLR: elle veut dire le "peloton") passe devant chez moi ne gagne jamais la course ni le maillot brun. Et celui qui gagne la course reçoit parfois le maillot brun, d'autres fois non. Je suis confuse, veuillez m'éclairer."

Ah, Doriane, nous entrons dans les subtilités du cyclisme! Premièrement, le Tour de l'Abitibi est une course à étapes où le grand gagnant est couronné au terme de 7 étapes, selon le total du temps requis pour chaque coureur pour compléter chacune des étapes. Mais chaque étape comporte aussi son gagnant. Le tour couronne donc 7 vainqueurs d'étape et un vainqueur du classement général cumulatif. Il y a donc une course dans la course à chaque étape, soit des coureurs qui tentent de remporter l'étape pour recevoir une médaille le soir même sur le podium, et d'autres coureurs qui sont surtout intéressés à remporter le classement général cumulatif qui est représenté par le maillot brun. Ça va jusqu'ici Doriane?

Quant à ce coureur qui passe en tête devant votre maison, il est normal qu'il ne remporte pas l'étape ou le maillot brun. À moins qu'il soit en échappée devant le peloton et qu'il se rende au bout, ce qui est plutôt difficile quand on est seul ou un petit groupe devant un meute de 100 cyclistes lancés à fond de train. Mais il s'agit de l'essence même du cyclisme.

Il faut aussi considérer la résistance de l'air et du vent pour comprendre que le cycliste à la tête du peloton dépense plus d'énergie à fendre l'air alors que ceux qui suivent dans son sillage en dépensent jusqu'à 30% moins. C'est un principe physique d'aérodynamisme qui condamne en quelque sorte un coureur qui passe trop de temps à "tirer" le peloton alors que les autres "suceurs de roues" s'économisent. Mais il s'agit parfois du boulot qui doit être fait pour reprendre des coureurs qui tentent de s'échapper et sacrifier ses ambitions personnelles.

Voilà donc, Doriane, pourquoi le coureur qui veut passer à la télé avec une attaque de marlou ne gagnera ni l'étape, ni le maillot brun!

Attaque de marlou qui fonctionne

Mr 100% won't win


Trying to cope with the unexpectedly high volume of questions, here is one that deserves a more extensive answer:

Doriane, of Rapide-Danseur, asks "How come the cyclist who is first when the pack passes in front of my house never wins the race or the brown jersey. The kid who wins the race sometimes gets the brown jersey, other times no, I'm confused, please enlighten me."

Dear Doriane, we are entering the subtleties of cycling! First, the Tour de l'Abitibi is a stage race where the winner is crowned after 7 stages, depending on the total time required for each rider to complete each stage. But each stage also has its own winner. The Tour thus crowns 7 stage winners and one overall cumulative winner. There is therefore a race inside the race at each stage, that is to say, riders who are trying to win the stage to receive a medal the same evening on the podium, and other riders who are especially interested in winning the overall classification that is represented by the brown jersey. How is it going so far Doriane?

As for the rider who passes in front of your house, it is normal that more often than not, he does not win the stage or the brown jersey. Unless he is in front of the peloton and he reaches the finish line first, which is rather difficult when you are alone or a small group in front of a pack of 100 cyclists thrown at full speed. But this is the essence of cycling.

We also have to consider the resistance of the air and wind to understand that the cyclist at the head of the pack spends more energy to get through the air while those who follow in his slipstream spend up to 30% less energy. It is a physical principle of aerodynamics that somehow condemns a rider who spends too much time "pulling" the pack while other "whell suckers" save theirs. But this is sometimes the job that must be done to catch riders in a breakaway and sacrifice personal ambitions to do so.

So, Doriane, this is why the rider who wants to be on TV with senseless attack too early in the race will not win the stage or the brown jersey!

mercredi 17 juillet 2019

Le monstre d'Aiguebelle / The Aiguebelle monster

Étape inédite ce mercredi au Tour de l'Abitibi! Un 137km bien senti comportant un tronçon jamais utilisé dans l'histoire du Tour: la traversée du Parc d'Aiguebelle. Cette route n'a été pavée que l'an dernier. Bien que recouverte de macadam, les nids de poule sont rares et le décor promet d'être magnifique.

Pour une fois, les coureurs auront droit à une route vallonée aux nombreux virages, parfaite pour qu'une échappée déguerpisse et sorte du champ de vision du peloton. En plus, le manque de repères pour chronométrer les écarts risque de compliquer le suivi de la course. Ce sera une étape pour baroudeurs, car la route sera encore longue à la sortie du parc, près du village de Mont-Brun. Il restera encore 56km, incluant les vallons de Cléricy, la côte du Lac Dufault et un seul et unique tour de circuit à Rouyn-Noranda. Y aura-t-il un Thomas de Gent dans le peloton cette année?

Nous avons déjà parlé de la faune, mais Aiguebelle recèle plus d'animaux sauvages que toute autre portion du territoire abitibien (sauf le refuge Pageau bien sûr). Les coureurs ont intérêt à rouler vite s'ils ne veulent pas finir en lunch pour les loups, ours, pygargues à tête blanche, visons et loutres sournoises! Une crevaison pourrait aussi entrainer une attaque massive de mouches noires et de taons à cheval qui réduiraient l'hématocrite d'un coureur plus vite que le Dr Ferrari ne pourrait la rétablir!

Malheureusement, les coureurs n'auront pas le temps de s'arrêter boire à la marmite des géants, de se reposer sur les coussins volcaniques ou d'apprivoiser la mascotte, Totor le castor. Ce sera pour la prochaine visite!

Le véloup, un monstre de wattage / The vewolf, a wattage monster

Inspection du macadam du parc d'Aiguebelle / Inspecting the chip seal in the Parc d'Aiguebelle


Totally new stage this Wednesday at the Tour de l'Abitibi! A difficult 137km with a road never used before in the history of the Tour: the crossing of Aiguebelle Park. This road was paved only last year. Although covered with chip-seal, potholes are rare and the scenery promises to be beautiful.

For once, the riders will be treated to a hilly and winding road, perfect for a breakaway to get out of sight of the peloton. In addition, the lack of benchmarks to time the gaps may complicate the monitoring of the race. It will be a stage for fighters, because the stage is far from over at the exit of the park, near the village of Mont-Brun. There will still be 56km left, including the Cléricy hills, the Lac Dufault hill and a single lap of the circuit in Rouyn-Noranda. Will there be a Thomas de Gent in the peloton this year?

We have already talked about wildlife, but Aiguebelle has more wild animals than any other part of the Abitibi territory (except the Pageau refuge of course). Riders better go fast if they do not want to end up as meals for wolves, bears, bald eagles, mink and sneaky otters! A puncture could also lead to a massive attack of black flies and horseflies that would reduce the hematocrit of a rider faster than Dr. Ferrari could restore it!

Unfortunately, riders will not have time to stop drinking at the Marmite des Geants, rest on the volcanic pillows or tame the mascot, Totor the Beaver. Save it for the next visit!

mardi 16 juillet 2019

Le bingo du radio-tour / Race radio bingo



Première mondiale en Abitibi l'an dernier passée totalement sous le radar: J'ai initié le bingo du radio-tour! Aucune mention sur Cyclingnews.com, rien sur Road.cc, VeloNews ou PezCycling. Même "Dans la musette" n'en a pas fait mention.

Encore pire, le fondateur du Tour de l'Abitibi, M. Léandre Normand, a omis d'inscrire le bingo du radio-tour au livre des records du Tour. On dirait que ce n'est pas pris au sérieux...

Le principe est simple: je prépare des cartes de bingo regroupant des mots ou expressions que je risque d'annoncer sur les ondes du radio-tour. Certaines communes, d'autres beaucoup plus difficiles à placer dans un contexte d'annonces factuelles qui sont loin de l'animation.

L'utilité réelle est que le staff qui prend place dans les voitures d'équipes reste éveillé et attentif à mes annonces, car ils ne doivent pas manquer l'unique occasion où je place "chasse patate" ou "pedaling squares" sous peine de rater une case de leur carte unique!

Je mélange aussi le français et l'anglais, question de favoriser la francisation des équipes étrangères! Mon premier ministre serait fier de moi!

Le bingo me permet aussi de taquiner certaines équipes qui le méritent bien en soulignant inutilement à la radio qu'un de leurs coureurs vient de "passer par la fenêtre" et ainsi tourner le fer dans la plaie béante et honteuse de voir un des leurs éliminé de la course. Mais ils l'ont habituellement cherché et c'est de bonne guerre.

Au final, qu'est-ce qu'une équipe remporte pour avoir réussi à fair un bingo? Ça dépend du moment de la réclamation du prix. Nous conseillons au staff de réclamer leur prix le soir tard au salon VIP. C'est plus payant.




A World premiere in Abitibi last year totally stayed under the radar: I started the race radio bingo! No word on Cyclingnews.com, nothing on Road.cc, VeloNews or PezCycling. Even "Dans la musette" did not mention it.

Worst, the founder of the Tour de l'Abitibi, Mr. Léandre Normand, failed to register the radio tour bingo in the Tour record book. Looks like it's not taken seriously...

The idea is simple: I prepare bingo cards with words or idioms that I may announce on the race radio. Some are common, others much more difficult to place in the context of factual announcements that are far from entertainment.

The real utility of the bingo is that the staff that takes place in team cars remains awake and attentive to my annoucements, because they must not miss the only occasion where I place "chasse patate" or "pedaling squares" since they may miss a word on their bingo card!

I also mix French and English to promote the francization of foreign teams! My Prime Minister would be proud of me!

Bingo also allows me to tease some teams that deserve to be. For example by pointing out unnecessarily on the radio that one of their riders just "go out the window" and thus overemphasize the shame of seeing one of theirs dropped from the race.

In the end, what does a team win for successfully completing a bingo? It totally depends on the timing of the prize claim. We advise team staff to claim their prize late at night at the VIP lounge. It's more profitable.

lundi 15 juillet 2019

Quiétude et bonheur recherchés / Seeking peace and happiness


Une publication sérieuse, mais importante.


Durant les premières étapes du Tour cette année, vous risquez de croiser deux bénévoles venus de loin et qui reviennent d’encore plus loin. Elizabeth et Michael Carey habitent en Virginie aux USA et sont impliqués dans le cyclisme à titre de commissaires, parents et toutes autres tâches connexes. Ils sont bien connus du milieu du vélo américain.


Leur fils Thomas a fait le Tour en 2015 et en 2016. Après l’édition 2015, ils ont contacté l’organisation du Tour et offert leurs services comme bénévoles pour l’année suivante, sachant qu’ils seraient de retour alors que Thomas reviendrait certainement à sa 2e année chez les juniors. Michael étant motocycliste, ils sont devenus en 2016 moto-info et ardoise. De vrais pros maniant jusqu’à trois chronomètres simultanément et relayant les informations de manière efficace. Michael se permettait même quelques mots en français! Il est passé maître dans l’annonce du « Il n’y a plus d’échappée! » 

En 2017 et 2018, les Carey ont pris des vacances personnelles, sont partis de Virginie pour venir passer la semaine en Abitibi comme bénévoles, même si Thomas ne participait au Tour. C’était aussi l’occasion de profiter de la poutine et de rapporter une précieuse cargaison de fromage en grains jusqu’en Virginie.


Les Carey ont aussi deux autres fils, Christopher et David. David, le cadet de la famille, a suivi les traces de Thomas et s’est lancé à fond dans le vélo. En 2016, il a profité de sa présence avec sa famille en Abitibi pour participer au Tour de la Relève. Peu de temps après, le malheur a frappé, David ayant développé une leucémie.


Le combat de David a été particulièrement difficile, ponctué de difficiles traitements, de lueurs d’espoir et de rechutes, vraiment pas ce qu’on souhaite à un garçon de 11 ou 12 ans. À chaque fois que David allait mieux, c’était sur son vélo qu’il voulait être, mais à chaque fois, la maladie lui reprenait son vélo.


Le combat de David ayant été largement relayé sur les réseaux sociaux, une communauté entière est devenue solidaire des Carey. Cela incluait des gens d’Abitibi, des USA, des cyclistes professionnels touchés par le jeune homme et même la compagnie Trek qui a offert ce printemps à David un Trek Madone extra haut-de-gamme, roues en carbone et gruppo électronique inclus. David a pu l’enfourcher dans le stationnement de l’hôpital.


Le 7 juin dernier, la maladie a emporté David. À 13 ans.


Elizabeth et Michael nous avaient avertis l’hiver dernier qu’en 2019, ils ne seraient pas des nôtres, l’état de santé de David étant trop précaire.


Et bien ils seront avec nous au début du Tour, en escale durant un voyage de moto devant les mener jusqu’au Nouveau-Brunswick (Virginie, Abitibi, Nouveau-Brunswick, c’est le même coin…) Nos amis méritent une pause, méritent un sourire et méritent d’être heureux. On leur a préparé un petit quelque chose pour honorer David. Si vous les croisez, dites-leur merci d’être avec nous. Merci mes amis.


Son titre dit tout / His position says it all

Un des très nombreux messages d'athlètes professionnels / Only one of many heartfelt messages from pro athletes

Nouveau vélo / New bike day

Une passion jusqu'au bout / Into cycling right to the end of his fight



A serious but important post.


During the first stages of the Tour this year, you may encounter two volunteers from far away who are returning from a place even further. Elizabeth and Michael Carey live in Virginia, USA, and are involved in cycling as commissaires, parents and all other related tasks. They are well known in the American cycling community.


Their son Thomas raced the Tour in 2015 and 2016. After the 2015 edition, they contacted the organization of the Tour and offered to become volunteers for the following year, knowing that they would be back while Thomas would race again for 2nd year as a junior. Michael being a motorcyclist, they became our moto-info and time board. They are real pros handling chronometers perfectly (up to three at a time!) and relaying information efficiently. Michael even allowed himself a few words in French! He quickly mastered the announcement “Il n’y a plus d’échappée” or, "There is no more breakaway!”

In 2017 and 2018, the Careys took personal vacations, and travelled from Virginia to spend the week in Abitibi as volunteers, even if Thomas did not race the Tour anymore. It was also an opportunity to enjoy poutine and bring a precious cargo of cheese curds back to Virginia.


The Careys have two other sons, Christopher and David. David, the youngest of the family, followed in Thomas' footsteps and also raced his bike. In 2016, he took advantage of his presence with his family in Abitibi to participate in the Tour de la Relève. Shortly after, misfortune struck, David having developed leukemia.


David's fight was particularly difficult, punctuated by difficult treatments, glimmers of hope and relapses, obviously not what an 11- or 12-year old boy expects out of life. Whenever David was better, he wanted to be on his bike. But each time, the disease took it away from under him.


Since David's fight was widely relayed on social media, an entire community became supportive of the Careys. This included people from Abitibi, USA, professional cyclists touched by the young man and even the Trek bicycle company. This spring, Trek offered David a super high-end Trek Madone, carbon wheels and electronic gruppo included. David was able to ride it in the hospital parking lot.


On June 7, the disease took David away. At 13 years old.


Elizabeth and Michael had warned us last winter that they would not be here in 2019, David's health being too precarious.


Well, after enduring all of this, the Careys will be with us at the beginning of the Tour. They will stop by during a motorcycle trip to New Brunswick (Virginia, Abitibi, New Brunswick, it's all in the same general area...) Our friends deserve a break, deserve a smile and deserve to be happy. We prepared a little surprise in honor of David. If you meet them, please thank them for being with us. Thank you my friends.

dimanche 14 juillet 2019

Le courrier des lecteurs 1 / Letters to the editor 1



Comme le blogue dure depuis 2012, j'ai reçu bon nombre de questions à propos du Tour de l'Abitibi, du vélo en général et de notre région au fil des ans. Cette année, je fais donc honneur à nos lecteurs en répondant à leurs questions afin d'assouvir leur soif de savoir!

Question importante s'il en est une:
Sergio, de St-Hyacinthe, demande quelles aptitudes un coureur doit avoir pour remporter le Tour de l'Abitibi?

Cher Sergio, le Tour de l'Abitibi est la plus longue course par étapes pour coureurs junior au monde. Les plus grandes qualités requises sont donc d'être âgé entre 16 et 18 ans et d'être de sexe masculin. Et de faire du vélo. Et d'être plutôt doué sur un vélo.

Tellement doué que plusieurs observateurs disent que tout vainqueur du Tour de l'Abitibi a déjà l'étoffe pour devenir coureur professionnel. Le Tour de l'Abitibi n'a pas un parcours sélectif avec des ascensions difficiles, mais la distance, les 7 étapes en 6 jours et la vitesse font en sorte que pour triompher, il faut avoir tout un moteur et un bon esprit tactique. Vous remarquerez, l'équipe dominante des dernières années, les États-Unis, sont toujours à l'avant. On ne les voit jamais à l'arrière du peloton. Comme ça, ils évitent les chutes, voient venir les nids de poule, prennent leur ligne de course dans un virage etc. Mais rouler à l'avant pendant plus de 600km, ce n'est pas pour n'importe qui. Ça use et il faut savoir récupérer durant la semaine.

Donc, dans l'ordre mon cher Sergio: être un gars de 16-18 ans, rouler comme un avion, être bon au contre-la-montre individuel pour creuser l'écart avec ses adversaires, se reposer entre les étapes au lieu de courir les admiratrices et ne pas abuser des desserts de la cafétéria. Si tu as tout ça, tu peux devenir Andy Hampsten, Laurent Jalabert, Arnaud Démare ou Bobby Julich pour ne nommer que ceux-là. La liste pourrait être longue!





Since the blog has been running since 2012, over the years I have received many questions about the Tour de l'Abitibi, questions about cycling in general or about our region. This year, I decided to answer my reader's questions to quench their thirst for knowledge!

Important question if there is one:
Sergio, from St-Hyacinthe, asks what skills a rider must have to win the Tour of Abitibi?

Dear Sergio, the Tour de l'Abitibi is the longest stage race for junior cyclists in the world. The greatest qualities required are therefore to be between 16 and 18 years old and to be a male. And to ride a bike. And to be pretty at it.

So good in fact, that many observers say that any winner of the Tour de l'Abitibi already has the potential to become a professional cyclist. The Tour does not feature a difficult course with long climbs, but the distance, the 7 stages in 6 days and the average speed mean that you need to have a big engine and a good tactical skills to triumph. As a matter of fact, the dominant team of recent years, the United States, are always riding up front. We never see them at the back of the pack. That way, they avoid falls, see potholes coming at them, take their race line in a corner, and so on. But riding at the front for over 600km is not for everyone. It wears the legs down and a rider needs to recover during the week.

To conclude, dear Sergio, you need this: to be a 16-18 year old guy, to ride a bike like you stole it, to be super good in the individual time trial to create a gap with your opponents, to rest between the stages instead of running after girls, and to not indulge too much in desserts at the cafeteria. If you have all of this, you can become Andy Hampsten, Laurent Jalabert, Arnaud Démare or Bobby Julich just to name a few. But the list can go on and on...

mardi 9 juillet 2019

Préparation pour le Tour de l'Abitbi 2019 / Gearing up for the Tour de l'Abitibi 2019




Dans moins d’une semaine, pour une 51e année consécutive le Tour de l’Abitibi sera couru. Comme cela fait maintenant plus de 10 ans que je suis impliqué dans l’organisation du Tour, j’ai quand même vu mon lot de situations particulières. Elles sont habituellement reliées au fait de tenir une course de vélo internationale dans des villes de 40,000 habitants ou moins, situées à plus de 500 km au nord de Montréal dans la forêt boréale. Voici donc un petit guide de survie, version Tour de l’Abitibi, qui reprend sans aucun doute certains concepts déjà discutés dans ce blogue :


La météo

Sujet de discussion favori des québécois, elle peut être extrêmement variable même en plein mois de juillet. En fait, la météo compense en partie pour l’absence de relief. Planifiez donc votre habillement comme si vous partiez pour la montagne, i.e. du très léger pour des températures caniculaires jusqu’à la tuque et gants chauds. Sans blague. Côté précipitations, on peut être au sec et annuler des étapes à cause des feux de forêts ou sous les averses torrentielles à Malartic. Et tout ce qui se situe entre les deux.


La faune

L’Abitibi est située en pleine forêt boréale, peuplée d’animaux divers qui vous attendent au coin de l’épinette la plus proche. Oui, les ours noirs peuvent être dangereux, mais peut-être moins que les orignaux qui traversent la route en pleine nuit. Sachez qu’un orignal porte la majeure partie de son poids de 400kg sur de minces pattes de plus d’un mètre de hauteur. Parfait pour écraser une automobile. On ne saurait omettre de ce palmarès la plaie abitibienne qu’est l’infâme trio moustique-taons-mouches noires. Apportez votre chasse-moustiques et SVP, passez sur la citronnelle. Ça fonctionne peut-être à Laval sur le bord de la piscine, mais c’est beaucoup trop léger en plein bois. Ici, on sort l’artillerie lourde et la haute teneur en DEET.


Les routes

J’ai déjà écrit sur l’état de nos routes il y a quelques années. La situation a continué d’empirer selon mon humble avis de cycliste abitibien. Les nids de poules se font de plus en plus spacieux pour leurs locataires et les fissures s’élargissent comme une dorsale océanique. L’Abitibi doit être en expansion! Si vous êtes riches ou commandités, apportez vos roues profilées ultra-légères en carbone. Si vous êtes de la plèbe, trouvez-vous une bonne paire de roues d’alliage et remplissez vos tubes de scellant comme en vélo de montagne. Je vous dirais bien de porter des protèges-coudes et genoux, mais ce ne serait pas très élégant. Seule lueur d’espoir : les cônes oranges ont aussi envahi l’Abitibi et les travaux routiers sont nombreux. La vigilance et les aptitudes de slalom seront aussi très pratiques.


L’eau

Qu’on se le dise une fois pour toutes, l’eau est potable et d’excellente qualité en Abitibi. Buvez-en sans inquiétude aucune. Même à Rouyn-Noranda! Bon, je blague sur l’eau de Rouyn-Noranda, mais sachez qu’Amos, qui se targue d’avoir la meilleure eau du monde, a dû émettre plusieurs avis d’ébullition dans la dernière année. C’est le monde à l’envers. Je vais aussi me retenir de parler de l’eau qui fait pédaler plus vite à Malartic. Quant à Val-d’Or, à part l’eau qui inondait le chemin Sullivan, rien à dire.


La course

Finalement, un mot sur la course. C’est la raison première de toute cette organisation. Ce sera le plus long Tour de l’Abitibi de l’histoire avec plus de 675km. Ici on compense le relief plat par la distance. Et la vitesse. Ces dernières années, des vitesses moyennes affolantes ont été observées. Il n’est pas rare de frôler les 46-47km/h. Alors attachez vos tuques avec de la broche et mettez tout à droite, parce qu’avec 52x14, les jambes vont tourner vite. Et pour ceux qui se feront larguer, ouvrez l’œil et mémorisez le parcours. Parce qu’un tout-droit à un virage peut vous expédier très loin avant le prochain village… Mont-Laurier 296.

Bonne course!





In less than a week and for a 51st consecutive year, the Tour de l'Abitibi will be run. Since I have been involved in organizing the Tour for over 10 years, I saw many unique situations. They are usually related to the fact that we hold an international cycling stage race in cities of 40,000 people or less, located more than 500 km north of Montreal in the middle of the boreal forest. Here is a survival guide to the Tour of Abitibi, which undoubtedly uses some concepts already discussed in this blog:


Weather

A favorite discussion topic for Quebecers, it can be extremely variable even in the middle of July. In fact, the weather makes up for our lack of topography. So plan your clothing as if you were going to the mountains, i.e. from very light for hot temperatures to the toque and warm gloves. No kidding. On the precipitation side, it can be so dry that we need to cancel stages because of forest fires, or we have torrential downpours in Malartic, or anything in between.


Wildlife

The Abitibi is located in the heart of the boreal forest, populated by various animals waiting for you at the corner of the nearest spruce tree. Yes, black bears can be dangerous, but perhaps less than moose crossing the road in the middle of the night. A moose carries most of its 400kg weight on thin legs over one meter in height. Perfect for crushing an automobile. However, the Abitibi plague, consisting of the infamous trio mosquito-horse fly-black fly, cannot be omitted from this list. Bring your mosquito repellent and please, forget the citronella. It may work in Laval on the edge of the pool, but it is much too light in the woods. Here, heavy artillery and the high DEET content is a must.


Roads

I already wrote about the state of our roads a few years ago. The situation continued to worsen in my humble opinion. The potholes are becoming bigger and deeper, and the cracks are widening like an oceanic ridge. Abitibi must be expanding! If you are wealthy or sponsored, bring your ultra-lightweight deep-dish wheels. If you are from the plebs, find yourself a good pair of alloy wheels and fill your tubes with sealant like a mountain bike. I would tell you to wear elbow and knee protectors, but it would not be very elegant. But there is hope: roadworks have invaded Abitibi. So keep your head up and sharpen your slalom skills.


The water

Let it be said once and for all, the water is drinkable and of excellent quality in Abitibi. Drink it without worry. Even in Rouyn-Noranda! Well, I'm kidding about the water in Rouyn-Noranda, but it should be said that Amos, who boasts of having the best water in the world, had to issue several warnings telling its residents to boil their water in the last year! I won’t say a word about the water that makes you pedal faster in Malartic. As for Val-d'Or, aside from the water that flooded Sullivan Road this spring, nothing to say.


The race

Finally, a word about the race, which is the primary reason for this whole organization. It will be the longest Tour of Abitibi in history with more than 675km. Here we compensate the flat topography by distance. And by speed. In recent years, frightening average speeds have been observed. It is not uncommon to flirt with 46-47km/h. Hang on for dear life and use your tallest gear, because with 52x14, the legs will turn quickly. And for those who could be dropped from the pack, watch for signs and memorize the course. Because omitting a turn can send you quite far before the next village... Mont-Laurier 296.

Have a good race!